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Page:London - La Folie de John Harned, paru dans Gringoire, 21 mai 1937.djvu/36

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Maria Valenzuela garda le silence. Elle ne daigna pas regarder l’Américain, mais elle n’avait pas perdu un mot de ses propos, et ses joues étaient blêmes de colère. Elle fixait les yeux sur l’arène tout en s’éventant, mais je voyais sa main trembler. John Harned, de son côté, semblait également ignorer sa présence. Il poursuivit, comme si elle n’était pas là, en proie, lui aussi, à la colère, à une colère froide :

— C’est un sport lâche, digne d’un peuple de lâches ! prononça-t-il enfin.

— Ah ! fit Luis Cervallos d’une voix douce, vous croyez donc nous comprendre ?

— Je comprends maintenant l’Inquisition espagnole, dit John Harned : ce devait être à coup sûr plus délicieux que les courses de taureaux.

Luis Cervallos sourit, mais ne dit mot. Il observa les traits de Maria Valenzuela et se rendit compte que, dans le combat de la loge, le taureau avait le dessous. Jamais plus Maria ne reverrait le Gringo qui avait pu prononcer de telles paroles. Mais ni Luis Cervallos ni moi, nous ne nous attendions à ce qui allait suivre. L’âme des