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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/169

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la salle des machines où travaillaient les électriciens. À n’en pas douter, je n’aurais pu débuter plus bas, à moins que le directeur ne se soit avisé de m’envoyer dans les mines afin de me faire saisir plus profondément la genèse de l’électricité qui fait marcher les tramways.

Vous parlez de travail ! Moi qui avais travaillé avec des hommes, je découvris que je n’en connaissais pas le premier mot ! Dix heures par jour ! Je devais passer le charbon aux équipes de jour et de nuit ; je trimais même pendant l’heure du déjeuner, pourtant je ne finissais jamais avant huit heures du soir. Je restais à ma tâche des douze et treize heures par jour, sans recevoir la moindre rémunération supplémentaire, comme autrefois dans la fabrique de conserves.

Autant dévoiler le secret dès maintenant. Je remplaçais deux hommes. Avant moi, un robuste manœuvre faisait le travail de jour et était relayé par son camarade, aussi vigoureux que lui. Chacun recevait quarante dollars par mois. L’administration, sans cesse à l’affût d’économies, m’avait poussé par ses promesses à accepter ce poste pour trente dollars par mois. Et je croyais qu’il voulait faire de moi un électricien ! En réalité, il diminuait de cinquante dollars les frais généraux de la société.

Mais j’ignorais que je prenais la place de deux travailleurs. Personne ne me l’avait dit. L’administrateur, très roublard, avait recommandé à tout le monde ne pas m’en souffler mot.

Avec quelle ardeur je me mis à l’ouvrage, le premier jour ! Sans le moindre répit je remplissais de charbon la brouette en fer que j’amenais