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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/171

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gratuits, il était stipulé que je devais offrir ma place à tout voyageur payant qui resterait debout. En m’écroulant, ce premier soir, sur un strapontin de la plate-forme, j’implorai le Ciel que personne ne vienne me faire lever. Mais la voiture se remplissait. À mi-chemin, une femme monta, et il ne restait plus de place assise. J’essayai de me lever, mais, à ma stupéfaction, je demeurai cloué sur mon siège. Le vent froid qui soufflait sur moi m’avait engourdi les membres. Il me fallut, pendant le reste du trajet, dérouiller mes jointures et mes muscles pour pouvoir me tenir debout. Quand le tramway s’arrêta au coin de ma rue, je faillis m’étaler par terre en descendant.

Je clopinai jusque chez moi, à deux cents mètres de là, et j’entrai dans la cuisine. Pendant que ma mère préparait le repas, je me jetai sur le pain et le beurre ; mais, avant d’avoir calmé ma faim — avant même que le repas fût prêt —, je tombai dans un profond sommeil. En vain ma mère me secoua pour me réveiller. Avec l’aide de mon père elle réussit à m’amener dans ma chambre, où je m’effondrai, mort de sommeil, sur le lit. Mes parents me déshabillèrent et me couchèrent. Au matin, je dus subir la torture du réveil. J’avais le corps endolori et, pour comble de malheur, les poignets enflés. Mais je rattrapai mon dîner de la veille en avalant un formidable déjeuner, et quand je courus, en boitant, pour attraper le tramway, j’emportais avec moi un repas deux fois plus copieux que la veille.

Vous parlez de travail ! Que n’importe quel