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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/172

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gosse de dix-huit ans à peine essaie de faire la pige à deux robustes manœuvres !

Du travail ! Bien avant midi j’avais dévoré, jusqu’à la dernière miette, mon énorme déjeuner. Mais je tenais à montrer ce que peut accomplir un jeune gaillard résolu à s’élever dans la vie. Le pis est que mes poignets continuaient à enfler et à me refuser leurs services. Ceux qui ont subi le supplice de marcher avec une entorse imagineront facilement la douleur que j’éprouvais à pelleter du charbon et à pousser une brouette pleine jusqu’aux bords, avec des poignets en pareil état.

Du travail ! Plus d’une fois je m’affalai sur le charbon, à l’abri des regards et je criai de rage, de mortification et de désespoir.

Cette seconde journée fut la plus terrible. Après treize heures de travail, si je fus à même de rentrer ce qui restait du charbon pour la nuit, ce fut grâce au chauffeur de jour, qui entoura mes poignets de larges bandes de cuir, et les boucla si serrées qu’ils me faisaient l’effet d’être dans du plâtre car ils avaient juste un peu de jeu.

Ces bandes supportaient en partie les tensions et pressions que mes poignets avaient endurées jusqu’alors, et ne laissaient aucune place à l’inflammation pour se développer.

Voilà comment je continuai mon apprentissage d’électricien. Soir après soir je rentrais chez moi en boitant, je tombais de sommeil avant de dîner, on me dévêtait et me portait au lit. Chaque matin, je repartais au travail avec un déjeuner de plus en plus énorme dans ma gamelle.