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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/182

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j’oubliais l’existence même de John Barleycorn. Personne ne buvait autour de moi. Mais si quelqu’un me l’eût proposé, à coup sûr j’aurais accepté l’invitation. Quoi qu’il en soit, dès que je disposais de loisirs je les passais à jouer aux échecs, à causer avec de jolies filles, elles-mêmes étudiantes, ou encore à monter à bicyclette quand j’avais la bonne aubaine de pouvoir retirer la mienne du clou.

J’insiste sur tous ces détails pour démontrer qu’il n’existait pas en moi la moindre trace de désir pour l’alcool, en dépit de mon long et rigoureux apprentissage avec John Barleycorn. Je revenais de l’autre côté de la vie pour jouir avec délices de cette simplicité arcadienne des jeunes étudiants et étudiantes. Je trouvais enfin la voie qui me conduisait au royaume de l’esprit, et je m’intoxiquais intellectuellement. (Hélas ! je devais l’apprendre un peu plus tard : l’ivresse intellectuelle, elle aussi, procure des lendemains amers.)