Aller au contenu

Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une fois de plus sur la route de l’aventure en quête de la fortune. À mes côtés je retrouvais John Barleycorn et sa bande de costauds, vagabonds et aventuriers, capables de supporter une longue famine plutôt que de se passer de whisky. L’alcool coulait à flots, alors que les sacs de farine restaient intacts dans leurs cachetttes tout le long de la piste.

Par bonheur, mes trois camarades d’équipe étaient tempérants. Je ne buvais donc qu’en compagnie des autres, assez rarement, du reste, mais chaque fois, c’étaient des beuveries ignobles.

Cependant je dois ajouter que ma cantine médicale contenait un quart de whisky que je débouchai seulement six mois après mon départ, dans un camp isolé où un docteur allait procéder à une opération sans anesthésique. Le chirurgien et le patient vidèrent la bouteille avant de commencer.

Un an plus tard, à peine guéri du scorbut, je revenais en Californie pour apprendre la mort de mon père, et prenais, à moi seul, toutes les charges de la famille.

Pour gagner mon voyage de retour, je dus m’embaucher à bord d’un vapeur comme déchargeur de charbon, de la mer de Behring à la Colombie britannique ; et, de là, voyager dans la timonerie jusqu’à San Francisco. On comprendra sans peine que je ne rapportais du Klondike, pour toute fortune, que mon scorbut.

Les’ temps devenaient difficiles. Partout le chômage sévissait. Resté simple manœuvre, j’étais obligé d’accepter n’importe quel travail qui se présenterait. Je ne pensais pas à embrasser une