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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/209

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au travail, en réduisant au minimum mes heures de sommeil.

Certains critiques ont contesté la rapidité avec laquelle Martin Eden, un de mes personnages, est parvenu à s’instruire. Parti comme matelot avec des rudiments de l’école primaire, j’en ai fait, en trois ans, un auteur à succès. Ces critiques prétendent que la chose est impossible. Pourtant, Martin Eden, c’est moi.

Au bout de ces trois années, dont deux passées à l’école secondaire et à l’Université, et une à écrire, sans perdre une minute pour étudier, je donnai des nouvelles dans les revues telles que l’Atlantic Monthly, je corrigeai les épreuves de mon premier livre (publié par Houghton, Miffin Co.), je fis paraître des articles sociologiques au Cosmopolitan Magazine et au McClure’s et je refusai un poste de rédacteur qu’on me proposait de New York, par télégraphe. À ce moment-là, je me préparais au mariage.

Tout cela représente du travail, surtout la dernière année d’apprentissage au métier d’écrivain. Pendant ces douze mois, où je me privai souvent de sommeil et surmenai mon cerveau jusqu’à ses dernières limites, pas une fois je ne bus, et l’envie ne m’en vint même pas. Pour moi l’alcool n’existait plus. Vidé, exténué, j’avais parfois mal à la tête, mais je ne cherchais nullement à retrouver le calme au moyen de la drogue. Grands Dieux ! Les lettres des journaux qui acceptaient ma prose et les chèques qu’elles m’apportaient étaient les seuls remèdes que je réclamais.

Une enveloppe mince d’un directeur de revue au courrier du matin me stimulait plus que ne