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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/247

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morsure de l’alcool serait alors plus aiguë, et son stimulant plus vif et délicieux.

Notre traversée entre San Francisco et Honolulu dura vingt-sept jours. Les premiers jours, la pensée de boire ne vint pas me tracasser. J’appuie sur ce fait pour bien démontrer qu’au fond je ne suis nullement un alcoolique.

Parfois, pendant le voyage, alors que je convoitais les exquis déjeuners et dîners pris sur les lanaïs[1] d’Hawaï — j’étais déjà venu deux fois auparavant — je songeais, il va de soi, aux boissons qui précéderaient ces repas, mais sans désir immodéré, sans la moindre impatience contre la longueur du voyage ; je me les représentais simplement comme des compléments essentiels d’un excellent festin.

Une fois de plus je me prouvai à moi-même, et à ma complète satisfaction, que je menais John Barleycorn par le bout du nez. Selon mes caprices, je pouvais boire ou m’abstenir. Et rien ne m’empêcherait d’agir à ma guise.

Nous passâmes environ cinq mois dans différentes îles du groupe hawaïen. Quand je me trouvais à terre, je buvais un peu plus peut-être que je n’avais coutume de le faire à San Francisco avant mon départ. Les gens d’Hawaï semblent boire un peu plus, en moyenne, que ceux des climats plus tempérés. Je ne veux pas dire que la tempérance soit une affaire de situation géographique. Pourtant Hawaï est tout juste sous les tropiques. Et plus j’ai approché de l’équateur, plus j’ai vu boire les gens, et plus j’ai bu moi-même.

  1. Nom donné aux vérandas, à Hawaï