Aller au contenu

Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mis en quête d’un climat plus frais. Le jour même de ma sortie d’hôpital, je repris tout naturellement mes habitudes de boire. J’arrosais de vin tous mes repas, je m’offrais comme apéritifs des cocktails et des scotchs quand je me trouvais avec des gens qui en buvaient. J’étais si bien maître de John Barleycorn que, suivant mon caprice, j’acceptais sa compagnie ou la repoussais, comme je l’avais d’ailleurs fait toute ma vie.

Au bout d’un certain temps je descendis à l’extrémité méridionale de la Tasmanie, par quarante-trois degrés de latitude sud, afin d’y goûter une température plus clémente. Mais là il n’y avait rien à boire. Cela m’importait peu, et je m’en passai aisément. Je me saturais d’air frais, je montais à cheval, et j’alignais mes mille mots chaque jour, sauf quand un accès de fièvre me clouait au lit dès le matin.

Et de crainte qu’on voie, dans mes précédentes années d’intempérance, la cause de cet état de faiblesse, je tiens à dire que mon mousse japonais, Nakata, qui m’avait suivi en Tasmanie, était rongé par la fièvre, ainsi que ma femme Charmian : celle-ci sombra dans une neurasthénie qui exigea plusieurs années de soins dans des climats tempérés, et cependant ni elle, ni Nakata n’avaient jamais touché la moindre goutte d’alcool.

Dès mon retour à Hobart Town, où la drogue était accessible, je me remis à boire comme jadis. De même quand je revins en Australie. Je quittai ce pays sur un vapeur commandé par un capitaine tempérant. Je n’emportais avec moi aucune boisson, et durant la traversée, qui dura