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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/63

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autre, je le remerciai de son tuyau. Puis je rejoignis tranquillement le groupe au comptoir. Non, je ne paierais pas la tournée ! J’étais loin de supposer qu’on attendait cela de moi ! Je m’en allai avec l’Araignée et, maintenant encore, les oreilles me cuisent quand j’essaye de conjecturer les propos tenus sur mon compte.

Je demandai à l’Araignée, d’un air détaché, ce qui rongeait Frank-le-Français.

— Il est fou de jalousie contre toi, répondit-il.

— Tu crois ? dis-je, et je laissai tomber le sujet comme dénué d’importance.

Mais quiconque voudra bien se mettre à ma place concevra l’orgueil d’un jeune coq de quinze ans en apprenant que Frank-le-Français, l’aventurier de cinquante ans, le matelot qui avait roulé sur toutes les mers du monde, était jaloux de lui — à propos d’une fille au nom romanesque de Reine des Pilleurs d’huîtres !

J’avais lu de ces choses dans les romans et je ne croyais pouvoir les vivre que dans une lointaine maturité. Oh ! je me faisais l’effet d’un jeune démon peu ordinaire ce matin-là, lorsque ayant hissé la grand-voile et levé l’ancre, nous orientâmes au plus près et courûmes au vent sur le chenal de trois milles qui débouchait dans la baie.

Voilà comment j’échappai à la tâche épuisante de la machine pour faire connaissance avec les pilleurs d’huîtres. Certes la boisson avait présidé à cette connaissance et promettait de continuer à jouer son rôle dans cette vie. Mais devais-je m’en tenir à l’écart pour une aussi piètre raison ? Partout où les hommes menaient une existence libre et large, ils buvaient. Le romanesque et