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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/113

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JACK LONDON

trouver — ou plutôt faisait semblant de trouver — une microscopique inégalité.

Alors il reprenait la pierre et continuait à affûter, affûter, à tel point que j’éclatais de rire, car cette comédie était parfaitement ridicule.

Malheureusement, cette menace était plus sérieuse qu’elle n’en avait l’air. Je fus averti que, sous la lâcheté de Mugridge, il y avait un certain courage, correspondant exactement à celui qui, chez moi, était né de ma peur.

Et ce courage par ricochet était parfaitement susceptible d’inciter le coq à accomplir un acte devant lequel sa pusillanimité naturelle aurait reculé.

— Voilà le coq en train d’affiler son couteau pour Hump ! ricanaient les chasseurs de phoques, qui ne se faisaient pas faute d’asticoter Mugridge, en lui reprochant la lenteur de sa décision.

Thomas Mugridge prenait bien ces plaisanteries, en paraissait extraordinairement flatté et, pour toute réponse, hochait la tête d’un air mystérieux, qui ne sous-entendait rien de bon.

Un jour George Leach, l’ancien mousse, que je remplaçais, entreprit le coq sur le même sujet, en lui lançant une plaisanterie quelque peu salée.

Or il se trouvait que Leach était un des matelots qui avaient douché Mugridge, après sa partie de cartes avec Loup Larsen. Et il s’était acquitté de sa tâche avec un zèle que l’autre ne lui avait pas pardonné.

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