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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/117

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JACK LONDON

votre esprit du corps qui l’emprisonne ? Le coq est incapable de vous causer le moindre mal. Il ne peut que vous pousser dans le sentier de l’immortalité !

J’esquissai une vague protestation.

— Ou bien, reprit Loup Larsen en grognant, si vous ne tenez pas à faire immédiatement ce saut dans l’éternité, pourquoi n’y poussez-vous pas Mugridge à votre place ? Est-ce qu’il n’est pas, lui aussi, un millionnaire en immortalité ? Vous ne pouvez l’entraîner dans aucune banqueroute. Son « papier » circulera toujours au pair. En le tuant, vous ne raccourcissez pas réellement la longueur de sa vie qui est sans fin, comme la vôtre.

« Allez-y sans crainte ! Prenez le couteau, quand il aura le dos tourné, et servez-vous-en pour l’expédier dans l’Au-delà. Affranchissez son âme, brisez la porte de sa dégoûtante prison ! Qui sait ? Ce sera peut-être un merveilleux esprit qui sortira de cette carcasse repoussante, pour aller planer dans l’azur. N’hésitez pas, mon ami… Et je vous donnerai sa place. Il a quarante-cinq dollars par mois.

Il était évident, après cette conversation, que je n’avais rien à attendre de Loup Larsen. Je pris donc la résolution de ne compter que sur moi-même et de battre Thomas Mugridge avec ses propres armes.

À différentes reprises, Louis m’avait demandé

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