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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/118

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LE LOUP DES MERS

de lui procurer, en contrebande, du sucre ou du lait condensé. L’infirmerie, où ces articles étaient rangés, prenait accès sur la cabine de Loup Larsen.

Profitant d’une occasion favorable, j’y dérobai cinq boîtes de lait. Puis, pendant la nuit, tandis que Louis assurait son quart sur le pont, je les troquai avec lui contre un poignard, dont la lame n’était pas moins acérée que le couteau de Thomas Mugridge et ne semblait pas moins meurtrière.

L’arme était ternie et un peu rouillée. Mais je fis tourner la meule ; Louis lui présenta l’acier, auquel il donna brillant et tranchant. Je dormis, la nuit qui suivit, plus profondément que de coutume.

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, alors que j’étais à genoux, occupé à vider les cendres du fourneau, Thomas Mugridge commença, selon sa coutume, à aiguiser, aiguiser, aiguiser…

Je lui lançai un regard provocateur et, m’étant relevé, je sortis, pour aller jeter les cendres dans la mer.

Lorsque je revins, le coq était en conversation avec Harrison, dont l’honnête visage de garçon de ferme témoignait d’un vif et merveilleux étonnement.

— Oui, criait Mugridge, j’ai écopé, à cette occasion, de deux ans de prison ! Mais je ne les ai pas regrettés. Le type avait eu son compte… J’aurais voulu que tu voies ce spectacle ! Je

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