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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/174

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LE LOUP DES MERS

Pensant qu’Harrison s’était endormi, et désireux de lui éviter une réprimande, pire peut-être, je l’interpellai. Mais il ne dormait pas. Ses yeux étaient grands ouverts et il regardait fixement le compas de route. Il semblait très occupé et troublé, et ne me répondit pas.

— Qu’est-ce que tu as ? demandai-je. Tu es malade ?

Il secoua la tête et eut un halètement étrange.

Laissant là ma literie, j’allai le rejoindre et, le secouant par le bras, je grommelai :

— Tu ferais mieux de maintenir ton cap.

Mais Harrison continuait à faire silencieusement tourner la roue. L’aiguille de la boussole vira de nouveau vers le nord-ouest et la goélette reprit son droit chemin.

Désireux, devant le mutisme d’Harrison, de ne pas m’attirer des histoires, je me préparais à regagner, sur le pont, ma couverture et mon oreiller, lorsque je vis une main robuste, dégouttante d’eau, émerger dans les ténèbres, de l’extérieur du navire et s’agripper à la lisse.

Une seconde main se dessina bientôt, près de la première.

Je regardai, comme hébété. Quel visiteur inconnu, surgissant des profondeurs de la mer, allais-je voir paraître ? Tout ce que je savais de certain, c’est qu’il se hissait à bord en s’aidant de la ligne du loch.

Une tête, aux cheveux collés et ruisselants,

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