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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/182

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LE LOUP DES MERS

Dieu ? cria Latimer, par l’écoutille, trop prudent pour descendre dans cet enfer qui, au-dessous de lui, déchaînait sa rage dans la nuit.

— Un couteau… demanda Leach une fois encore, dans un moment de silence relatif. Est-ce que quelqu’un a un couteau ?

Le grand nombre des assaillants était une cause de confusion dans cet étroit espace. Ils se gênaient mutuellement dans leur effort. Loup Larsen, au contraire, qui ne perdait pas la tête et savait exactement ce qu’il voulait, allait bientôt atteindre son but : l’échelle salvatrice. Si, dans l’obscurité, je ne pouvais suivre des yeux ses progrès, l’ouïe me renseignait.

Aucun autre homme, à moins d’être Hercule en personne, n’aurait pu accomplir le tour de force que réussit Loup Larsen.

Lorsqu’il eut atteint le pied de l’échelle, il se cramponna solidement aux premiers barreaux et, à la seule force de ses bras, il réussit à soulever la masse d’hommes qui s’agrippait à lui pour le maintenir sur le plancher.

Il se releva, et centimètre par centimètre, il commença son ascension. Ce fut le dernier acte du drame, et je le vis admirablement, car Latimer, qui avait été chercher une lanterne, en plongeait la lumière dans l’écoutille.

On ne distinguait, de Loup Larsen, que la grappe vivante, accrochée à son corps. Elle se tortillait en tous sens, telle une monstrueuse araignée

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