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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/193

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JACK LONDON

reux coup de pied, Loup Larsen s’en était alors débarrassé.

— Hump, me dit-il une fois mes pansements terminés, vous êtes un homme adroit, je l’avais déjà remarqué. Maintenant, comme vous savez, nous manquons de second. C’est vous qui prendrez sa place. Vous recevrez soixante-quinze dollars par mois et, de l’avant à l’arrière, on ne vous appellera plus que M. Van Weyden.

Je protestai, en soupirant, que je n’entendais rien à la navigation.

— Vous ferez votre éducation.

— Je ne tiens pas du tout à occuper une situation élevée. Pour moi, la vie est à l’heure actuelle suffisamment précaire. La médiocrité a ses avantages… D’ailleurs, je le répète, je manque de l’expérience nécessaire.

Loup Larsen se contenta de sourire, sans rien répondre, comme si la chose était réglée.

Je m’écriai, d’une voix décidée :

— Je refuse d’être second sur ce bateau d’enfer !

Je vis ses traits se durcir et la lueur impitoyable, que je connaissais bien, paraître dans ses prunelles.

Il marcha vers la porte de la cabine et l’ouvrit, en me disant :

— Bonne nuit, monsieur Van Weyden ! Bonne nuit…

— Bonne nuit, monsieur Larsen… répondis-je, résigné.

Et je me retirai.

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