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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/211

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JACK LONDON

étroites et les profonds précipices, sur lesquels de grandes ombres s’étendaient.

Inconsciemment, on s’attendait à voir la mer furieuse déferler, avec sa blanche écume, dans ces cavernes beuglantes… Mais ce n’était là qu’une fantasmagorie des nuées et la mer, autour de nous, était lisse comme de l’huile. Et toujours pas de vent.

— Ce n’est pas un simple grain qui s’annonce, déclara Loup Larsen. Notre vieille mère la Nature va se dresser sur ses jambes de derrière et rugir de toute sa puissance.

« Nous allons être sérieusement secoués, avant que nous ayons pu rassembler la moitié de nos canots… Monsieur Van Weyden, comme première mesure de précaution, vous pourriez toujours vous occuper de prendre quelques ris.

— Nous ne sommes que deux… C’est peu pour lutter contre la tempête.

— On fera ce qu’on pourra ! Nous devons tenter, à tout prix, de rallier les canots. La tempête même nous y aidera. Au début tout au moins… Quelques toiles seront peut-être arrachées. Mais les mâts sont solides, et ils tiendront. Nous nous débrouillerons ensuite.

Quand j’eus terminé, nous déjeunâmes tous deux. Le repas fut hâtif. Loup Larsen était pressé de remonter à son poste d’observation et, de mon côté, mon estomac se serrait à la pensée des dix-huit hommes qui étaient dispersés sur la mer

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