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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/221

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JACK LONDON

cordes furent lancées aux trois hommes, qui y grimpèrent comme des singes. Le canot, pendant qu’on le hissait, avait heurté violemment le flanc de la goélette et, dans le choc, s’était fendu. Mais l’épave n’en fut pas moins amarrée en sûreté, car elle pouvait être réparée.

Une fois de plus, le Fantôme vira, pour se remettre sous le vent, et fut à ce point submergé que la roue du gouvernail disparut sous l’eau.

En de pareils moments, je me sentais étrangement seul avec Dieu et ma pensée se reportait inconsciemment vers lui, tandis que je contemplais la rage aveugle des éléments.

Ensuite la roue reparut, ainsi que les larges épaules de Loup Larsen, qui de ses mains, en étreignait les rayons. Dieu terrestre dominant la tempête par la force de la volonté, il secouait les paquets d’eau qui ruisselaient sur lui et, sans fléchir, poursuivait son propre but.

Spectacle admirable, admirable oui, que celui de l’homme, si minuscule, commandant victorieusement à ce fragile amas de bois et de fer qui constitue un bateau, et le conduisant ou il veut, à travers la nature déchaînée.

Il était maintenant cinq heures et demie. Le Fantôme bondissait de l’avant, sous le vent hurlant. Une demi-heure plus tard, alors que les dernières lueurs du jour se mouraient dans un crépuscule funèbre, je découvrais un troisième canot.

Comme le précédent, il était complètement re-

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