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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/223

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JACK LONDON

submergé. Afin de sauver ma vie, je me cramponnai aux cabillots du mât de misaine. Une violente secousse me fit lâcher prise et une vague, qui se retirait, m’emporta avec elle par-dessus la lisse.

J’étais à la mer et, ne sachant pas nager, je n’avais qu’à me laisser couler à fond.

Heureusement, la vague revint sur elle-même et me rejeta en arrière. Une forte poigne me saisit et, lorsque le pont du Fantôme émergea, je vis que je devais la vie à Johnson.

Il promenait autour de lui un regard inquiet. Je remarquai alors que Kelly manquait. La même vague l’avait emporté, mais ne l’avait pas rendu.

Le canot, cependant, avait encore été manqué. Loup Larsen, afin d’éviter de virer de nouveau sur place, fila sous le vent, puis décrivit un grand cercle, pour revenir sur lui. La manœuvre réussit à souhait.

— Superbe ! me cria Johnson dans l’oreille, entre deux déluges.

Sans aucun doute son compliment allait à la performance du Fantôme lui-même, beaucoup plus qu’à l’expérience de Loup Larsen, qui continuait, inébranlable, à tenir tête à la tourmente.

Il faisait maintenant si sombre que c’est à peine si nous pouvions distinguer le canot. Nous parvînmes cependant à le crocher avec un grappin. Mais, alors que nous le hissions à bord, une grosse lame s’abattit sur lui, par le travers, et l’écrasa contre la goélette.

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