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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/225

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JACK LONDON

— Au diable la veille de nuit ! s’écria Loup Larsen, lorsque nous eûmes mangé et bu notre content. Si nous devons sombrer d’ici le jour, personne n’y pourra rien. Rompez tous et allez dormir !

Les quatre matelots allumèrent, à droite et à gauche du Fantôme, les feux de position réglementaires et gagnèrent le poste d’avant. Les deux chasseurs et moi, nous passâmes la nuit dans la cabine du capitaine. Avec l’aide de Loup Larsen, je coupai le doigt écrasé de Kerfoot et en recousis le moignon.

Thomas Mugridge, qui avait dû préparer et servir le café, et entretenir le feu, n’avait cessé de se plaindre de douleurs internes. Il jurait qu’il avait une ou deux côtes cassées.

Nous l’examinâmes et découvrîmes qu’il en avait trois. Mais son cas fut remis au lendemain, d’autant que je n’y connaissais rien en matière de fractures, et que j’avais besoin de consulter les bouquins de Loup Larsen avant de me mettre à la besogne.

— Un homme perdu, pour ne pas repêcher un canot brisé… Ça ne valait pas le coup, dis-je à Loup Larsen, en conclusion des événements de la journée.

— Bah ! me répondit-il en haussant les épaules. Kelly n’avait pas une valeur considérable et la perte est mince… Bonne nuit !

Après tant d’émotions, avec la préoccupation de trois canots perdus, et mes doigts qui me faisaient abominablement souffrir, sans parler des folles ca-

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