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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/232

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LE LOUP DES MERS

Et il s’éclipsa dans la nuit.

Le lendemain matin, le canot numéro trois manquait, ainsi que Leach et Johnson. La literie et les sacs des deux matelots les avaient suivis. Les caisses à eau et les boîtes de vivres de tous les autres canots avaient pareillement disparu.

Loup Larsen était furibond. Il mit le cap à l’ouest-nord-ouest et, tandis qu’il faisait les cent pas sur le pont, tel un lion en cage, il envoya deux des chasseurs au sommet des mâts, avec mission de fouiller la mer avec jumelles et longues-vues.

Quant à moi, il évita de m’envoyer en vigie, car il connaissait trop bien ma sympathie pour les fuyards.

Le vent était favorable, mais inégal, et c’était chercher une aiguille dans une botte de foin que de poursuivre ce minuscule canot dans cette immensité bleue. Mais le but de Loup Larsen était de gagner de vitesse les deux hommes, afin de s’interposer ensuite entre eux et la côte, le long de laquelle il louvoierait.

Le matin du troisième jour, peu après huit heures, Smoke annonça, du haut du grand mât, que le canot était en vue. Tout l’équipage se précipita vers la lisse.

Une aigre bise soufflait de l’ouest, annonçant sous peu un vent plus violent, et, dans la direction indiquée par Smoke, sur la mer tourmentée qu’argentait le soleil levant, on voyait une tache noire, en effet, apparaître et disparaître.

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