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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/269

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JACK LONDON

loisir de leur lancer ses ruades furieuses, qu’ils recevaient en pleine figure.

Finalement, le Canaque, lâchant d’une main le cordage auquel il était suspendu, empoigna de l’autre une des chevilles du coq et Black, l’instant d’après, en fit autant avec le second pied. Alors ils tirèrent à eux, de toutes leurs forces, et la grappe enchevêtrée qu’ils formaient avec Mugridge tomba dans les vergues, les autres matelots les recueillirent.

Ce duel aérien une fois terminé, Thomas Mugridge, geignant et pleurnichant, et sa bouche barbouillée d’une écume sanglante, fut ramené sur le pont.

Loup Larsen fit un nœud coulant, avec un bout de corde, et le glissa sous les aisselles du coq, qui fut ensuite porté à la poupe et balancé à la mer. Quinze, puis vingt mètres de chanvre se déroulèrent, et Loup Larsen cria :

— Amarre !

Oofty-Oofty enroula sur une bitte l’extrémité de la corde, qui se tendit, et le Fantôme, qui tanguait, amena d’une saccade le cuisinier à la surface.

C’était un spectacle lamentable. Bien qu’il ne pût se noyer, le coq souffrait toutes les affres de la noyade.

Chaque fois que la goélette s’enlevait sur le dos d’une vague, elle soulevait avec elle Thomas Mugridge et lui accordait un court instant pour

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