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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/280

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LE LOUP DES MERS

lèle, en une mer dure et tempétueuse, sur laquelle le vent promenait sans trêve des bancs opaques de brouillard.

Pendant plusieurs jours de suite, nous ne pûmes voir le soleil, ni prendre aucune observation astronomique.

Puis le vent balaya complètement l’Océan, les vagues clapotantes étincelèrent de nouveau et nous repérâmes notre position.

Quelques jours de temps clair suivirent, puis le brouillard retomba sur nous, plus dense que jamais.

La chasse était dangereuse car, une fois de plus, les canots qu’on descendait à la mer étaient avalés par la grisaille humide, et on ne les ralliait qu’à la tombée de la nuit, parfois même le lendemain matin.

Aux bruyants appels de nos signaux, ils apparaissaient un à un, sortant de leur linceul, gris fantomatiques et pareils à des Génies des Eaux.

Wainwright, le chasseur que Loup Larsen avait volé avec son canot et son équipage, profita de l’occasion pour s’échapper.

Il disparut un matin, dans l’opacité ambiante, en compagnie de ses deux rameurs, et nous ne le revîmes pas. Huit jours après, nous apprîmes que les trois hommes avaient passé de goélette en goélette, et étaient enfin parvenus à regagner la leur.

J’en aurais volontiers fait autant. Mais ma fonction m’empêchait de m’embarquer sur les canots. Une autorisation spéciale de Loup Larsen m’était

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