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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/282

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LE LOUP DES MERS

et venir ensemble sur le pont. Ils étaient tous deux aux extrémités de l’échelle humaine.

Certes, Loup Larsen possédait une remarquable intelligence et, physiquement, il était doté d’une souplesse spéciale qui était, comme je l’ai dit, celle des bêtes de la jungle.

Mais tous les dons qu’il avait reçus de la nature, il ne les utilisait que pour satisfaire ses instincts sauvages. Elle, au contraire, elle était le produit le plus fini et raffiné de la civilisation.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tandis que, ce jour-là, je les suivais tous deux du regard, pendant qu’ils arpentaient en causant le pont du Fantôme, je la vis qui mettait soudain fin à la promenade et se dirigeait, escortée toujours par Loup Larsen, vers l’escalier de sa cabine, à l’entrée duquel je me trouvais.

Elle était étrangement perturbée, malgré tous les efforts qu’elle faisait pour dissimuler son émotion. Mais ses yeux ayant rencontré les miens, je pus y lire clairement le bouleversement intime de son âme.

Plus révélateurs encore étaient les yeux de Loup Larsen. L’explication que je cherchais, du trouble de Maud Brewster, ce furent eux qui me la donnèrent. Ordinairement gris, froids et durs, ils étaient à cette heure tendres, chaleureux et dorés.

De petites lumières y brillaient, puis disparaissaient. Parfois elles donnaient un éclat particulier à toute la prunelle qu’elles envahissaient.

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