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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/291

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JACK LONDON

rizon. C’était bien le Macédonia. Loup Larsen l’observait d’un regard mauvais et la curiosité de Miss Brewster était intense.

Mais le Macédonia ne semblait pas nous prêter attention et sa course dévia quand il ne fut plus qu’à un mille du Fantôme.

— Eh bien, capitaine Larsen, demanda gaiement Miss Brewster, la bataille annoncée ne semble pas se produire ?

Un amusement passager détendit ses traits durs, alors qu’il la regardait.

— À quoi vous attendiez-vous donc, Miss Brewster ? Vous pensiez qu’ils allaient foncer sur nous, aborder la goélette et nous trancher la gorge ?

— Évidemment, ou à peu près… Je suis peu renseignée sur les usages en vigueur entre pêcheurs de phoques. On peut s’attendre à tout.

— Très juste ! Tout à fait juste ! Vous n’avez pas songé au pire !

— Et que peut-il exister de pire que d’avoir la gorge tranchée ? demanda-t-elle avec une jolie surprise naïve.

— D’avoir la bourse coupée ! répondit Loup Larsen. Notre capacité de vie dépend de celle de notre bourse. L’homme est ainsi fait.

— Si on me prend ma bourse, ça n’est pas grand-chose !

— Ce n’est pas mon avis. Mon argent se confond avec mon droit à l’existence. Ceux qui affirment le contraire sont des imbéciles.

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