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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/292

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LE LOUP DES MERS

« Qui me le prend me vole mon pain, ma viande et mon lit. Il met ma vie en danger. Dans notre civilisation, il n’y a pas assez de soupes populaires pour toutes les bouches qui ont faim.

« Celui dont le porte-monnaie est vide est condamné à mourir dans la misère, à moins qu’il ne réussisse à le remplir rapidement.

— Mais je ne vois pas pourquoi les gens de ce bateau auraient l’intention de nous voler notre bourse ?

— Patientez un peu et vous serez renseignée.

Nous n’eûmes pas longtemps à attendre. Quand il eut dépassé la ligne de nos canots, le Macédonia entreprit, à son tour, de mettre les siens à la mer.

Nous n’ignorions pas qu’il en possédait quatorze, contre cinq qui nous restaient. Il fut donc facile à la flottille adverse de balayer la mer devant elle, si bien que pas un phoque ne demeura dans le rayon d’action de nos canots, qui n’eurent plus qu’à abandonner la place ; c’est dans un état de fureur indescriptible que chasseurs, rameurs et timoniers rallièrent le Fantôme.

Le calme de la mer, l’abondance du troupeau, toutes les conditions étaient réunies pour faire une pêche magnifique ; on n’en retrouverait peut-être pas de semblables de toute la saison.

Chacun s’estimait volé et ce fut parmi les malédictions sans fin que les canots furent hissés à bord. Si ces malédictions avaient eu un pouvoir

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