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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/299

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JACK LONDON

mais tout le restant de sa saison de chasse que je vais lui gâcher à fond.

— Et si la chance nous est contraire ?

— Ce n’est pas à envisager ! Il faut qu’elle soit de notre côté. Sinon, c’est nous qui sommes fichus !

Tandis que Loup Larsen prenait lui-même la barre, j’allai faire une tournée dans mon hôpital, installé à l’avant et où gisaient nos deux estropiés, Nilson et Thomas Mugridge.

Nilson était d’excellente humeur, car sa jambe cassée le faisait moins souffrir, et il avait foi dans sa guérison.

Quant au coq, il était plus abattu que jamais et j’éprouvai pour lui, une fois de plus, une grande pitié. Le surprenant était que la lamentable épave qu’il était devenu continue d’exister. Dans ses yeux chassieux, l’étincelle de la vie s’obstinait à briller.

Je tentai de le remonter un peu.

— Voyons, Mugridge, lui dis-je gaiement, avec un pied artificiel, et on en fabrique de remarquables à l’heure actuelle, je t’assure, tu pourras te remettre à gambader, jusqu’à la fin de tes jours, dans les cuisines des bateaux !

Il me répondit, avec une gravité solennelle :

— Je ne suis pas persuadé de ce que vous m’affirmez, monsieur Van Weyden. Mais ce que je sais bien, c’est qu’il n’y aura plus de repos pour moi ici-bas, tant que j’aurai pas vu crever le maudit chien qui commande ce bateau. Il doit mourir

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