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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/300

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LE LOUP DES MERS

avant moi. Il le doit ! De quel droit y vivrait ?

Sur le pont, je retrouvai Loup Larsen toujours à la barre. Il gouvernait d’une seule main, de l’autre il tenait une jumelle marine, pour étudier les positions respectives des canots et du Macédonia.

Le navire de Larsen-la-Mort avait baissé ses feux et ne crachait plus aucune fumée. Il était évident qu’il attendait tranquillement, à distance de la zone de chasse — à peine était-il encore perceptible — la fin de la journée et le retour de sa petite flottille, qui aurait raflé à la nôtre tout le gibier, comme la veille.

Lorsque les canots du Macédonia et ceux du Fantôme se trouvèrent directement sous le vent, Loup Larsen ordonna soudain de donner toute la voilure et, sous la brise qui grossissait, la goélette fila à toute allure.

Elle fonça droit, non sur la ligne de nos embarcations, mais sur celle des canots du Macédonia.

Le premier que nous joignîmes était monté par les trois hommes réglementaires : un chasseur, un timonier et un rameur. Le chasseur, un Scandinave colossal, était assis à l’avant du canot. Il tenait sa carabine à portée de sa main.

Cette arme aurait dû être pendue tranquillement au râtelier, comme les carabines de nos chasseurs. Mais les mêmes pensées hostiles régnaient à bord des deux bateaux, je le compris sans peine.

Loup Larsen me commanda d’abattre le foc et le clinfoc, et d’abaisser la grand-voile. Nous vînmes

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