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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/311

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JACK LONDON

Il commandait sans arrêt la manœuvre, afin d’obtenir le maximum de vitesse que le Fantôme était capable d’atteindre.

Toutes les haines et toutes les rancunes de l’équipage étaient oubliées. J’étais stupéfait de l’empressement avec lequel ces mêmes hommes, qui avaient enduré les brutalités de Loup Larsen, se hâtaient de lui obéir.

Et alors que, soulevés sur les vagues, nous filions, filions, le souvenir me revint du pauvre Johnson, qui avait tant aimé le Fantôme et était si fier de ses belles qualités nautiques.

— Feriez bien de ramasser vos carabines, vous autres ! cria Loup Larsen.

Et les cinq chasseurs prirent place le long de la lisse, agenouillés et attendirent, carabine à l’épaule.

Le Macédonia et sa fumée noire n’étaient plus qu’à un mille de nous. Il nous gagnait rapidement de vitesse. Mais le banc de brouillard n’était pas loin maintenant.

Une bouffée de fumée jaillit, tout à coup, du pont du navire ennemi. Nous perçûmes une forte détonation et un trou rond se dessina dans la toile tendue de notre brigantine[1].

Le Macédonia tirait sur nous avec un de ces petits canons que la rumeur publique l’accusait de porter à bord.

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  1. Nom de la voile du grand mât.