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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/312

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LE LOUP DES MERS

Groupés au centre de la goélette, nos hommes agitèrent en l’air leurs bérets, en poussant une acclamation railleuse.

Il y eut une nouvelle bouffée de fumée, une seconde et forte détonation, et l’obus vint, cette fois, frapper l’eau à cinq ou six mètres en arrière de la goélette. Nous le vîmes ricocher deux fois et couler.

Mais aucun coup de carabine ne fut dirigé sur nous, pour la bonne raison que tous les chasseurs du Macédonia étaient, ou restés en mer, ou nos prisonniers.

Les deux bateaux n’étaient plus qu’à un demi-mille l’un de l’autre, quand un troisième projectile troua de nouveau notre brigantine.

Une minute après, nous entrions dans le brouillard, qui nous enveloppa dans les replis épais de sa gaze humide.

La transition fut surprenante et soudaine. L’instant d’avant, nous bondissions dans la lumière du soleil, avec le ciel clair sur nos têtes, et la mer qui écumait et roulait jusqu’à l’horizon, tandis qu’un autre navire, vomissant la fumée et les obus, nous pourchassait à toute vitesse.

Et tout de suite, en un clin d’œil, le soleil fut effacé, il n’y eut plus de ciel, le faîte de nos mâts disparut, et l’horizon se trouva limité à quelques pas ; on avait l’impression de voir comme à travers un rideau de larmes.

Le brouillard gris dégouttait sur nous, comme

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