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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/353

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JACK LONDON

d’eau de mer, ses cheveux qu’ébouriffait le vent et, par-dessus tout, ses beaux yeux, hardis et doux, m’affirmèrent que je ne rêvais pas.

De nouveau, je détournai la tête vers l’horizon et j’aperçus nettement, devant moi, un promontoire dénudé, escarpé et noir, vers lequel le vent nous portait en plein.

Je distinguai bientôt le ressac furieux qui se brisait sur sa base, les écumes jaillissantes qui en escaladaient les escarpements, d’où elles retombaient en fontaines, et toute une ligne de côte, frangée d’une immense écharpe blanche.

— Maud ! dis-je, Maud…

Et je tendis la main vers la fantastique vision. Elle regarda et s’exclama :

— Ça ne peut pas être l’Alaska…

— Hélas, non, répondis-je. L’Alaska est plus loin encore. Vous savez nager ?

Elle secoua la tête.

— Ni moi non plus… Pour accoster, il nous faudra donc pousser notre canot dans une anfractuosité des rochers, auxquels nous nous accrocherons, s’il se brise.

« Ce sera le moment, ou jamais, de ne pas perdre notre sang-froid. Il faut faire vite si on ne veut pas rater notre coup.

Je parlais avec une assurance qui n’était pas en moi. Maud le comprit et braqua sur moi ses yeux pénétrants.

— Je ne vous ai pas encore remercié de tout ce

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