Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE LOUP DES MERS

que vous avez fait pour moi. Je dois le faire maintenant.

— Pourquoi ? demandai-je presque rudement.

— Parce que… Vous pourriez m’aider à exprimer ma pensée.

— Parce que nous allons bientôt mourir ? C’est ça, hein ? Mais pas du tout. Nous ne mourrons pas. Nous allons débarquer sur cette île et trouver un abri avant la nuit.

Je mentais. Car la mort semblait inévitable au milieu de ce chaos de récifs, vers lequel nous étions entraînés à une vitesse accélérée, et dont nous nous rapprochions de minute en minute. Hisser la voile et tenter de virer de bord était impossible.

La mort, je l’ai dit, ne m’effrayait pas pour moi. Ce qui m’épouvantait, c’était de penser que Maud pût mourir. Je la voyais déjà projetée sur les rochers noirs, et déchiquetée parmi les remous tourbillonnants.

Je décidai de laisser venir passivement l’instant fatal. Puis, au moment où nous heurterions le roc, de saisir la jeune femme dans mes bras, de lui crier mon amour et, tout en l’étreignant, de mourir avec elle.

Instinctivement, nous nous rapprochâmes l’un de l’autre. Je sentis la main de Maud presser la mienne. Et, sans mot dire, nous attendîmes.

— Nom de Dieu ! nous sommes sauvés ! m’écriai-je tout à coup. Oh ! excusez-moi.