Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
JACK LONDON

Un courant violent, qui ceinturait l’île, avait saisi le canot et l’emportait vers la droite du promontoire.

Nous passâmes devant une large grève sablonneuse, en demi-lune, d’où montait, dans le vacarme de la mer, un beuglement continu et formidable.

Je m’exclamai :

— Une colonie de phoques ! Il doit y avoir aussi des hommes et des bateaux pour les protéger des chasseurs. Il y a peut-être aussi un poste à terre. Nous sommes sortis d’affaire.

Mais le courant continuait à nous entraîner.

Nous décrivîmes ainsi un demi-cercle autour de l’île et nous arrivâmes sur la face qui était opposée au vent.

La mer était, là, étonnamment calme. Entre deux pointes de terre s’ouvrait une petite baie, qui pénétrait profondément dans les terres.

Je pris les avirons et, la marée montante aidant, le canot gagna, sans trop de peine, un petit havre. L’eau, paisible comme celle d’un étang, n’y était ridée que par les souffles errants de la bourrasque, qui se brisait, comme sur un gigantesque paravent, sur les escarpements que nous avions d’abord affrontés et où nous avions pensé trouver la mort.

La quille du canot toucha un fond de galets. Je sautai à demi dans l’eau et tendis la main à Maud. L’instant d’après, elle était près de moi sur la grève.

Comme mes doigts relâchaient les siens, elle

356