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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/356

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LE LOUP DES MERS

s’agrippa précipitamment à mon bras. En même temps, je me sentis vaciller, comme si j’allais tomber.

C’était l’effet déconcertant qu’exerçait sur nous la cessation brusque du mouvement. Nous avions si longtemps vécu sur la mer, où les vagues nous avaient ballottés, que le contact avec la terre ferme produisait un choc imprévu sur notre organisme.

Il nous semblait que la grève allait s’élever à notre droite et à notre gauche, comme tout à l’heure les lames, et que les deux petits caps, qui nous encadraient, allaient se balancer au même rythme qu’un navire.

Et, quand Maud et moi nous nous efforçâmes de conserver notre équilibre, nous faillîmes justement le perdre parce que les mouvements escomptés n’avaient pas lieu.

— Il faut absolument que je m’assoie…, dit la jeune femme, avec un rire nerveux et un geste pour signifier que la tête lui tournait.

Elle se laissa glisser sur le sable caillouteux de la grève. Je m’occupai d’amarrer le canot en toute sécurité, puis revins la rejoindre.

Et voilà comment, en débarquant sur l’île de Bonne-Volonté — ainsi fut-elle baptisée par nous — nous eûmes le « mal de terre » pour être restés trop longtemps exposés au mal de mer.

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