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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/360

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LE LOUP DES MERS

— J’aimerais aller avec vous, dit Maud.

— Je préférerais que vous restiez. Vous avez déjà assez souffert dans le canot. C’est du repos, surtout, qui vous est nécessaire. Restez ici, croyez-moi.

Avant qu’elle n’eût rapidement détourné la tête, je vis les yeux de la jeune femme, ses yeux si beaux, se couvrir d’un voile humide.

Elle insista, d’une voix basse et pénétrante :

— Et moi, je préférerais de beaucoup vous suivre. Je pourrais, le cas échéant, vous être utile. Et… (sa voix parut se briser)… Et, s’il vous arrivait quelque chose, songez à ce que je deviendrais, abandonnée à moi-même.

Je protestai que je serais prudent, que je m’arrangerais pour être de retour avant la nuit.

Alors Maud se tourna vers moi et me regarda bien en face.

— Je vous en prie… Je vous en prie…, dit-elle doucement.

Je fis appel à toute ma volonté pour refuser et, sans répondre, secouai la tête. Elle attendait toujours, et me regardait.

Je tentai de formuler mon refus. Ce fut en vain. Les paroles me manquèrent. À l’éclair de joie qui brilla dans ses yeux, je compris qu’une fois de plus j’étais vaincu. Je ne pouvais plus dire non.

Le temps s’améliora, au cours de l’après-midi, et nous décidâmes de nous mettre en route le lendemain matin.

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