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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/361

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JACK LONDON

Le jour se leva, triste et gris. De bonne heure, je m’éveillai, afin de préparer le canot et d’y remettre en place voile et mât.

— Pauvre imbécile ! Crétin ! Abruti ! m’écriai-je. En ouvrant les yeux, Maud me vit danser sur la grève, en criant, et crut un instant que j’avais perdu la raison.

— Qu’est-ce qui vous arrive ? me demanda-t-elle.

— Que diriez-vous d’une tasse de café ? D’une bonne tasse de café ? Oui, de café chaud ? De café bouillant ?

— Vous êtes cruel ! Je n’y pensais plus. J’étais résignée. Et si c’est pour vous moquer de moi que vous ravivez mon désir…

— Tenez. Regardez-moi faire.

Je tirai, du creux des rochers qui leur avaient servi de protection contre la pluie, des morceaux de bois bien secs, que je réduisis en copeaux, à l’aide de mon couteau de poche.

Puis je déchirai une page de mon calepin et pris une cartouche dans la boîte à munitions. Retirant la bourre avec la pointe de mon couteau, je vidai la poudre sur un rocher plat, et l’y étalai, et posai la capsule au milieu.

Après quoi, je pris le papier dans la main gauche et l’avançai, tandis que, de la main droite, je frappais sur la capsule, de toutes mes forces, avec une grosse pierre.

Il y eut une bouffée de fumée blanche, une flamme jaillit et le papier fut allumé.

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