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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/362

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LE LOUP DES MERS

Maud, ne contenant plus sa joie, battit des mains.

— Prométhée ! s’écria-t-elle.

Mais j’étais trop occupé pour lui répondre. Il me fallait, avant tout, protéger tendrement la faible flamme, si je voulais qu’elle vive.

Je la nourris, copeau par copeau, puis éclat par éclat. Enfin, elle pétilla en mordant le gros bois.

Maud se chargea du café, qui fut délicieux. De mon côté, je fis frire du bœuf de conserve, que je saupoudrai de biscuit de mer émietté. Le déjeuner fut un succès et nous le dégustâmes assis devant le feu, comme d’authentiques explorateurs, sans cesser de discuter.

Tout en mangeant, j’affirmai, avec une confiance renouvelée, que nous trouverions sûrement un poste dans une autre baie de l’île. Car je me souvenais d’avoir ouï dire que c’était l’usage, dans la mer de Behring, de faire garder toutes les phoqueries.

Maud se montrait plus sceptique. Elle avança, sans se départir d’ailleurs de sa bonne humeur coutumière, la supposition que nous pouvions être tombés sur une phoquerie non repérée.

— Dans ce cas nous risquons d’être obligés d’hiverner ici, répondis-je. Nos provisions s’épuiseront, mais il y a les phoques.

« Et, comme ils émigrent à la fin de l’automne, je ne devrai pas tarder à nous ménager une réserve de viande. Les boîtes de conserves nous serviront à fabriquer des lampes que leur graisse

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