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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/381

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JACK LONDON

jalousement amassée par ses soins. Et, quand je m’endormais, le sommeil me semblait plus doux, sur cette couche préparée par des mains aimées.

Lorsque nous nous séparâmes et que je quittai Maud, pour regagner ce que j’appelais orgueilleusement ma chambre, la jeune femme me dit, comme par une intuition soudaine, en me tendant la main :

— Quelque chose, que j’ignore, se passera certainement cette nuit. Je le sens. Ça se prépare. Écoutez !

Elle désigna du doigt le rivage, que battait le fracas de la tempête.

— Je n’entends rien d’anormal…, répondis-je. C’est le bruit des vagues. Mais, par une telle nuit, je préfère nous voir où nous sommes que sur la mer en train de tenter d’aborder… Vous n’avez pas peur ?

— Non, non, ça va très bien.

Puis nous nous séparâmes :

— Bonne nuit, Maud.

— Bonne nuit, Humphrey.

L’usage de nos prénoms était, entre nous, venu tout naturellement et sans préméditation.

Ailleurs, dans l’ancien univers où nous vivions, j’aurais pris Maud dans mes bras pour la serrer contre moi. Mais la situation me l’interdisait. Je restai seul dans ma petite hutte, mais je savais qu’un lien affectif existait entre nous.

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