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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/382

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LE LOUP DES MERS

Le lendemain matin, je m’éveillai, opprimé par une sensation mystérieuse. Un je ne sais quoi me manquait.

Mais cette oppression et ce mystère s’évanouirent au bout de quelques secondes, quand je me rendis compte que ce qui faisait défaut à mon oreille était le bruit du vent.

Je m’étais endormi dans un état de tension nerveuse, produite par le choc d’un son violent et persistant. Et je m’étais réveillé sous l’influence de cette même tension, qui cherchait la cause dont elle avait résulté et qu’elle ne trouvait plus.

Je m’étirai, pendant quelques minutes, sous mes couvertures, puis je m’habillai et ouvris la porte.

Les vagues déferlaient toujours sur le rivage, attestant la force de la tempête nocturne. Mais le temps était clair et le soleil brillait.

Je sortis, et je n’avais pas fait quatre pas que je m’arrêtai court. Je n’en croyais pas mes yeux.

Sur la grève, à quelque cinquante mètres devant moi, échoué par l’avant, se trouvait un navire à coque noire. Les mâts, complètement rasés, se balançaient lentement sur ses flancs, pêle-mêle avec les voiles et les haubans.

Je me frottai les yeux, pour m’assurer que je ne rêvais pas. Car, avec ses lignes familières et les mille détails de sa construction, c’était bien le Fantôme.

Quel caprice du sort l’avait amené ici ? Ici plutôt qu’ailleurs ? Quel hasard des hasards ? L’espace

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