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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/400

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LE LOUP DES MERS

Je me redressai vivement et me mis sur pied, dans une attitude de menace et de défi. J’avais beau être juste devant lui, il ne parut pas me voir et continua à avancer.

La trappe ouverte était sur sa route. Il ne sembla pas non plus lui prêter attention. Un de ses pieds était déjà engagé dans l’ouverture, l’autre se levait…

À ce moment, il sentit le vide au-dessous de lui et, à la seconde précise où il allait tomber dans le trou, ses muscles de tigre se mirent à jouer. Il se cabra violemment en arrière et, les bras étendus, il alla culbuter sur le plancher, où il roula dans mes pots de confitures et dans le paquet de vêtements préparé par moi.

Mais il s’était redressé presque aussitôt et, simultanément, il avait compris pourquoi la trappe était ouverte, et qui l’avait ouverte.

Rapide comme l’éclair, il la fit jouer sur ses charnières et la rabaissa, avec un cri de triomphe. Nul doute qu’il ne crût m’avoir pris au piège. Nul doute… et cependant j’étais debout devant lui.

Loup Larsen était aveugle. Aveugle comme une chauve-souris.

Je ne bronchai pas et, retenant mon souffle, je continuai à l’observer.

Puis il retourna vers sa cabine. Je le vis tâtonner de la main, pour trouver le loquet. J’en profitai pour me rapprocher silencieusement de l’escalier, que je commençai à monter.

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