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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/408

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LE LOUP DES MERS

ment ce que nous n’osions exprimer et pensions tout bas.

Mais d’autres pensées ne tardèrent pas à nous ressaisir. Dans notre nouvelle installation, et en dépit de son agrément, la promiscuité de Loup Larsen, à laquelle nous étions contraints, demeurait inquiétante.

Nos cabines étaient porte à porte avec la sienne. Et si, chez Maud, une compassion douloureuse se mêlait à la peur, mon attendrissement était beaucoup moindre. Chez moi, la méfiance dominait et je ne doutais pas que la cécité même dont Loup Larsen avait été frappé, loin de l’adoucir, ne l’ait rendu plus mauvais encore.

— Il y aurait un moyen, proposai-je, de le mettre hors d’état de nuire. Ce serait de lui assener un coup bien appliqué sur le crâne avec un des casse-tête à tuer les phoques. Nous pourrions alors le ligoter pendant qu’il serait évanoui.

Maud se récria :

— Oh ! Humphrey. Non, pas ça !

Bref, il fut décidé que nous le garderions prisonnier dans sa cabine où, bien armé, je lui porterais, deux fois par jour, sa nourriture. S’il manifestait le désir de se lever et de se promener quelques instants sur le pont, nous ne nous y opposerions pas. Mais, pas une seconde, nous ne le perdrions de vue.

L’événement se produisit quelques jours après.

Nous entendîmes, au cours de l’après-midi, Loup

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