Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
JACK LONDON

Larsen frapper doucement à la porte de sa cabine. Je lui demandai ce qu’il voulait.

— Je souffre, dit-il. Respirer le grand air me ferait du bien, sans doute. Humphrey, vous ne pouvez me refuser ça. Que craignez-vous d’un aveugle ?

J’hésitais à répondre. Maud, qui avait entendu, m’implora de ses beaux yeux.

J’allai ouvrir à Loup Larsen qui se glissa, le long des murs, jusqu’à l’escalier, qu’il gravit en titubant. Nous le suivîmes.

Il commença par aller et venir au hasard, sur le pont, en tâtant le sol du pied, et en étendant la main, pour reconnaître les obstacles qui se trouvaient devant lui. Maud et moi, nous l’observions avec curiosité.

Puis il parut soudain foncer sur nous. Ses mains s’ouvrirent, comme pour nous saisir. Nous nous écartâmes de sa route et, tandis qu’il se dirigeait vers la poupe, nous filâmes sans bruit vers l’avant.

Un désappointement irrité se peignit sur ses traits à demi figés.

— Oh ! jeta-t-il d’une voix rauque. Je sais bien que vous êtes quelque part, à m’épier…

Et nous le vîmes prêter l’oreille dans notre direction.

Son cri retentissant m’avait rappelé celui que, dans la nuit, lance le grand chat-huant, vers sa proie, dont il écoute ensuite le frémissement épouvanté. Nous ne bougions pas et attendions qu’il

410