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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/411

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JACK LONDON

Mais déjà le poignet s’était retiré vivement de ma main, et ce fut la main de Loup Larsen qui se ferma sur le mien, comme un piège d’acier.

J’eus un cri de terreur, un cri sauvage, inarticulé. Sur le visage de Larsen, je vis se dessiner la joie du triomphe, tandis que, de son autre bras, il m’entourait le corps et m’attirait vers lui, dans une terrible étreinte.

Puis, tandis qu’il me serrait si étroitement que je ne pouvais plus bouger, il lâcha mon poignet. Sa main libre se porta vers ma gorge et, dans cette seconde, je connus l’avant-goût amer de la mort.

Je n’avais d’ailleurs à m’en prendre qu’à ma propre sottise. Quel besoin avais-je eu de risquer cette stupide aventure ? Les bras de gorille s’étaient refermés sur moi.

Je sentais aussi, près de ma gorge, d’autres mains. C’étaient celles de Maud, qui tentaient en vain de faire lâcher prise aux doigts qui m’étranglaient. Elle n’était pas de force et dut renoncer. J’entendis son cri à elle, un cri de détresse et de désespoir, qui me fendit le cœur et me rappela la clameur d’épouvante des femmes sur le Martinez qui sombrait.

Mon visage était écrasé contre la poitrine de Loup Larsen et je ne pouvais rien voir autour de moi. Je perçus seulement les pas de Maud qui s’éloignaient.

Tout s’était passé très rapidement et je n’avais

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