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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/412

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LE LOUP DES MERS

pas encore perdu connaissance, quand je sentis Loup Larsen s’effondrer sous moi.

Sa poitrine parut s’écraser sous mon poids et son souffle devint haletant. Un gémissement caverneux vibra dans sa gorge, et la main qui m’étranglait se relâcha. Je respirai. Puis la main frémit et se resserra de nouveau. Mais son étreinte s’était amollie. La volonté de Loup Larsen se brisait devant son impuissance physique. Il défaillait.

Alors que les pas de Maud se rapprochaient, j’achevai de me dégager et je roulai plusieurs fois sur moi-même, en clignant des yeux sous le soleil.

Ils rencontrèrent ceux de Maud. Elle était debout près de moi, pâle et calme. Son visage encore rempli d’effroi se détendait. Je vis qu’elle tenait à la main un lourd casse-tête et je compris que, pour me sauver la vie, elle n’aurait pas hésité à tuer. Une joie immense envahit mon cœur. C’était vraiment ma femme, ma compagne de lutte : chez elle, la vie primitive reprenait le dessus.

— Merci, mon amie, m’écriai-je, en me levant péniblement.

L’instant d’après, ayant lâché son arme, elle était dans mes bras, pleurant convulsivement sur mon épaule, tandis que je la pressais contre moi. J’enfouis ma figure dans ses cheveux touffus, et je les embrassai doucement, si doucement qu’elle ne s’en aperçut pas.

Nos regards se reportèrent sur Loup Larsen, qui

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