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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/89

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JACK LONDON

Au bout d’une demi-heure, les choses en étaient toujours au même point.

Je remarquai qu’une dispute avait lieu, à voix basse, entre Louis et Johnson. La conclusion en fut que Johnson se dégagea de l’étreinte de Louis, qui le retenait par le bras.

Traversant le pont, il sauta dans le gréement et commença à grimper. Mais l’œil rapide de Loup Larsen l’avait vu.

— Hé, Yonson ! hurla-t-il. Qu’est-ce que tu vas faire là-haut ?

Johnson interrompit son ascension et, regardant le capitaine en plein dans les yeux, répondit posément :

— Je vais aider le môme à descendre.

— C’est toi qui vas descendre ! riposta Loup Larsen. Et plus vite que ça, bon Dieu ! Tu m’entends, hein ? Descends de là !

Johnson hésita. Mais les longues années d’obéissance, qui l’avaient dressé, eurent raison de lui. Il se laissa tomber sur le pont et se retira, l’air renfrogné.

À cinq heures et demie, je me rendis au carré, pour mettre la table. Mais je savais à peine ce que je faisais. Mes yeux et mon cerveau étaient pleins de la vision, à la fois comique et terrible, d’un homme au visage blême, tremblant de tous ses membres, cramponné comme un insecte à la corne battante.

À six heures, alors que je servais le dîner, je vis,

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