Page:Londres - Au bagne.djvu/179

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de lune, chercher l’autre ombre, qu’il passera sur « la Hollande », pour cinq francs.



On accosta. Le sol était raviné. Il avait la lèpre, lui aussi. Devant la première maison, un interné cuisait la soupe.

Ils sont maîtres d’eux-mêmes. Aucun surveillant. Tous les deux jours, la barque de vivres arrive. Sans débarquer, les canotiers jettent à terre la cuisse de bœuf, le pain, le riz, et décampent. Alors descendent les pustuleux ; ils ramassent la nourriture et la partagent en frères. Pas de cuisine commune ni de popotes. Chacun son pot de terre. Ils se dégoûtent les uns les autres.

— Eh bien ! mon vieux, dit le docteur Morin, et l’appétit ?

— Petit, petit…

— Fais voir ton front Hum ! Regardez ces taches roses. Pas grand-chose, celui-là. Fais voir tes doigts. Oui. Fais voir tes pieds. Est-ce qu’on t’a piqué, cette semaine.

— J’aime mieux les purges.

Quel goût peuvent-ils trouver aux purges, dans ces bagnes ? Fous, lépreux, blessés, paralytiques, bien portants, tous veulent des purges…

— Tiens ! voilà le chanteur de l’îlet… Bonjour, Galibert ! Je t’amène des visites, aujourd’hui …