Page:Londres - Au bagne.djvu/180

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— C’est-y qui z’en veulent, ces messieurs ?

— On vient vous voir, dit le pasteur, parler avec vous, mes enfants.

— C’est toujours ça…

— M’sieur le major, dit Galibert, qu’est-ce que je fais dans ce dépotoir ? Êtes-vous bien sûr que je l’aie ?

— Ce n’est pas grave, Galibert, tu es curable, mais je ne puis encore te désinterner. Regarde ta tache…

— C’est celle des autres surtout que je regarde, m’sieur le major.

Celui-ci est tout défiguré. Les éléments de sa figure n’ont plus l’air d’être à leur place habituelle. Le nez est bien encore au milieu, les yeux de chaque côté, mais cela fait comme un masque de mi-carême qu’un coup de vent aurait déplacé.

— Eh ! bien ! ça va mieux ?

— Ça n’empire pas ! répond le défiguré.

Les poules, — les poules qui payent les verres de sec dès onze heures du soir, chez le Chinois, se baladent et picorent.

— Je parie que ce n’est pas vous qui les mangerez, ces poules ? dit le surveillant.

— Pensez-vous, chef ! pour attraper la lèpre !

Voilà Audavin. Celui-là est classique : faciès léonin en plein, bouffissures, pommettes pendantes, oreilles descendues, nez qui fond. Il a l’air d’être en cuir repoussé.

C’est un Arabe. Chez les Arabes surtout, la