Page:Londres - Au bagne.djvu/194

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À neuf heures, le petit homme rappliqua.

— Bonjour, dit-il. Donnez-moi une cigarette. Et maintenant causons. Je vais vous faire vos articles. Vous pensez si je connais le sujet, je suis là depuis vingt ans. Vous n’aurez pas à bouger ; je vous apporte le travail tout mastiqué, sept ou huit colonnes. Vous m’en direz des nouvelles. Je suis lauréat de l’Académie française.

Je partis prendre une douche. Tandis que l’eau tombait d’une vieille lessiveuse perchée sur une échelle, le lauréat Boucon me criait :

— Alors, c’est entendu, n’est-ce pas ? Je fais votre travail ?

— La barbe ! mon vieux. La barbe !

Le lendemain, Honorat Boucon fit sa troisième entrée dans mes vastes appartements. Il était porteur d’une imposante serviette en peau de puma.

— Dites, mon vieux, vous vous lavez la bouche avec du tafia, le matin ?

— Quoi ! fit-il, sentirais-je le rhum ?

— Comme une distillerie.

Et, posant sa serviette :

— J’apporte le plan ! D’abord…

— Assez blagué !

— Seriez-vous prévenu contre moi ?

— Mais non !

— Alors, monsieur opère lui-même ?

— Allez-vous-en.

Le surlendemain, Honorat Boucon, pour la quatrième fois…