Page:Londres - Au bagne.djvu/195

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Alors j’appelai Ginioux, mon garçon de famille.

— Ginioux ! fiche-moi le lauréat de l’Académie française à la porte !

Mon ennemi était né.



Mais voici huit heures trente. Les libérés, un billet de vingt sous à la main, gagnent le cinéma. C’est tout ce qu’ils peuvent s’offrir de l’autre vie !

Pas de brouhaha. Aucune gaîté. Le châtiment les a bien matés.

La salle est une baraque. L’écran est plutôt gris que blanc. Mais il en est parmi ces spectateurs qui n’ont jamais vu d’autre écran. Il y a des forçats plus vieux que le cinéma.

Les places de galeries sont réservées au peuple libre, mais le peuple libre ne vient jamais. Forçats et noirs, voilà la clientèle.

Ils sont tassés sur des bancs.

L’orchestre est celui du bas Casséco : une clarinette, un violon, une boîte à clous : Hing ! zinc ! hing ! L’Âme de bronze déroule ses épisodes. Le film ne déchaîne pas un enthousiasme délirant. On voit passer entre les rangs des bouteilles de tafia. Ils boivent au goulot, dans l’obscurité. Hing ! zinc ! hing !

L’Âme de bronze est finie.

— Ah ! Ah !

C’est l’annonce d’un film d’aventures.