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légère émotion, malgré l’habitude, marquait les chefs. Le Duala siffla. Il accosta.

Derrière chaque hublot souqué un couple de têtes, joue à joue, s’encadrait. Ce verre épais les séparait, seul, maintenant, du but final. Ils cherchaient à voir.

L’ancre tomba.

La patente était nette. Pas d’épidémies, trois morts seulement. Libre pratique fut donnée.

Nous gravîmes la coupée. Le silence régnait sur le pont. Cela frappait d’autant que, sur un bateau, à l’arrivée, le brouhaha est de rigueur.

— Qu’on lui montre le bagne trois, à ce Monsieur, dit le commandant.


LE BAGNE No 3


Je descendis. La cale ordinaire formait la cour. Autour, écrasées par un toit bas, les cages. Il faisait sombre dans ces cages. On ne voyait distinctement que les forçats du premier rang, qui se tenaient aux barreaux, les autres, derrière, grouillaient confusément. Tous étaient vêtus de laine bleue, tondus, rasés.

— Voulez-vous entrer ? me demanda le surveillant.

C’est comme s’il m’avait dit d’entrer dans une boîte à sardines quand les sardines y sont !